



























1Murets bocagers médiévaux
Les murets bocagers attestent de la présence d’une communauté
d’agriculteurs dès le Moyen-âge sur le site du Yaudet. Il est possible
que ces murets de pierres sèches, qui servaient au découpage de
terres agricoles, suivent pour la plupart les anciennes voies romaines.
Du XIe au XIVe siècle, un village d’agriculteurs et de pêcheurs
se développe sur le sommet du promontoire. A la fin du XVe siècle,
cette occupation se concentre à proximité de la chapelle.
Aujourd’hui, les murets sont occupés par une grande diversité
de plantes et de petits animaux. Ils sont à la fois habitat et cachette
pour les uns, et garde-manger pour les autres.

2Rempart gaulois
La butte, que nous vous invitons à gravir, correspond à l’ancien
rempart de terre et de pierres sèches construit avant la conquête
romaine (Ier siècle avant J.-C.). Pour désigner ce type de promontoire
côtier délimité par un rempart, les archéologues parlent d’éperon
barré. Ce mur imposant avait un rôle défensif contre les attaques
terrestres, mais aussi politique, symbolique et pratique, car il servait
de soutènement et de protection contre le vent.

3Chênaie littorale
Sur les pointes rocheuses de Bretagne, la végétation dépend
de plusieurs facteurs : la roche mère, le sol, mais aussi le vent
et les embruns qui conditionnent sa structuration spatiale
de la mer au sommet des falaises. Ainsi, les pointes les plus exposées
présentent souvent des végétations rases liées à des conditions
écologiques contraignantes. Le Yaudet, en situation semi-abritée
à l’embouchure du Léguer, est soumis à des conditions maritimes
modérées. La végétation évolue naturellement et progressivement
vers une forêt dominée par le Chêne pédonculé. Les prairies ou les
landes, en retrait du trait de côte, sont liées à des pratiques agricoles
anciennes ou récentes de coupe, fauche ou pâturage.
Trois types de chênaies sont identifiés sur le site, relatant la diversité
des situations d’exposition : la chênaie à Ombilic et Polypode,
la chênaie à Garance voyageuse et enfin la chênaie à Luzule des bois.

4Rochers Beaumanoir
Les rochers Beaumanoir, appelés localement Karreg Vras an Dosenn
(Grand Rocher), sont une formation naturelle du site du Yaudet.
Les maçonneries découvertes lors des fouilles correspondent
à une porte gallo-romaine, mais on suppose que le rempart gaulois
empruntait déjà ce tracé. Des traces d’extraction de pierres sont
également visibles à côté du rocher et témoignent d’un usage
de carrière à un moment indéterminé de l'histoire du site.

5Roche plate
La roche nord de cet ensemble de rochers, aux formes étonnantes,
est positionnée horizontalement, d’où son appellation. L’origine
naturelle ou anthropique de cette forme fait débat, faute de données
scientifiques. La surface de la pierre est gravée d’une rosace,
mentionnée dès le XVIIe siècle, dont l’origine et la finalité demeurent
toutefois mystérieuses. Cette plateforme offre une vue spectaculaire
sur l’embouchure du Léguer.

6Mur à marée
La datation et l’origine de cette maçonnerie traversant la baie de
la Vierge demeurent très incertaines, même si son existence est
mentionnée dans un texte du XIIe siècle, la « Vie de saint Efflam ».
Deux hypothèses sont avancées pour expliquer son origine :
- un mur de pêcherie : une anecdote rapporte qu’une pêche
miraculeuse aurait eu lieu en 1938, lorsqu’un banc de sardines
se trouva bloqué derrière le mur
- la chaussée associée à plusieurs moulins à marée tels qu’il en existe
de nombreux exemples en Bretagne (moulin à marée de Buguéles
à Penvénan, moulin à marée de Traou meur à Pleubian, moulin à mer
du Grand Traouïero à Trégastel). Les plus anciens encore conservés
se trouvent dans le Morbihan, comme le moulin de Pen Castel (attesté
au XIe siècle) et le moulin de Berno, à l’Ile d’Arz, du XVIe siècle.

7Vieille fontaine
La fontaine adossée est délimitée par deux murets. Elle comprend
un bassin carré non couvert, précédé d’un fronton en granit, taillé
et décoré d’une niche à saint.
L’état actuel de la fontaine date du début du XVIIIe siècle, comme en
atteste l’inscription 1701 au-dessus de la niche. Derrière cette façade,
on distingue l’entrée d’une crevasse naturelle par laquelle chemine l’eau.

8Faune locale
La gestion en mosaïque de la végétation du site avec des milieux
ouverts (prairies), des milieux fermés (bois et fourrés), la présence
de nombreux micro-habitats – tels que les murets et les lisières –
sont favorables à l’accueil de la biodiversité, notamment
les amphibiens.
Présente sur le site, la Salamandre tachetée affectionne les milieux
forestiers humides, où elle se cache le jour, et recherche, pour
se reproduire, une eau fraîche et oxygénée comme ici la fontaine.
Très fidèle, elle regagne tous les matins son abri après sa chasse
nocturne. Son cousin, le Triton palmé, reconnaissable à ses palmes
noires et son filament au bout de sa queue, est également présent.

9Flore locale
Le Genêt à balai et l’Ajonc d’Europe sont des plantes communes
bien connues des promeneurs. Au Yaudet, on trouve également le
Fragon en grande quantité. Cet arbrisseau résiste à l’ombrage et à
la sécheresse. Ses fruits sont charnus et le feuillage présent toute
l’année. Sa richesse en substances toxiques lui confère de réelles
propriétés efficaces dans les maladies veineuses ; en homéopathie,
Ruscus est la plante des jambes légères !
Cette espèce affectionne souvent la présence de calcaire dans
les sols, d'où sa présence sur le site (sables coquilliers, murets
aux enduits à la chaux, sous-bois aux sols à tendance neutres).

10Grand paysage
Le site du Yaudet surplombe la ria du Léguer, soumise jusqu’à Lannion
à l’alternance des marées. Contrairement au Jaudy et au Trieux (autres
fleuves trégorrois) ayant un cours sud-nord de la source à la mer,
le Léguer a la particularité d’obliquer à angle droit à Lannion pour se
jeter en mer plein ouest. Ce changement de direction a dû se produire
durant le quaternaire (2,5 millions d’années) pendant lequel une
succession de glaciations a entraîné de fortes baisses du niveau de
la mer renforçant la force érosive des cours d’eau. Profitant de failles,
une petite rivière au niveau du Yaudet a reculé au point de « capturer »
le Léguer et l’obliger à emprunter son cours actuel.

11Roche branlante
Au cours des temps géologiques, le granite, qui s’était formé sous
terre il y a plus de 300 millions d’années, est apparu en surface par
le lent travail de l’érosion. Ce matériau est naturellement structuré
par un réseau de fissures découpant la roche en parallélépipèdes.
Profitant de ces accès, l'eau a pénétré dans la masse, transformant
les parallélépipèdes en boules. L’érosion continuant, ces blocs ont
été libérés, roulant et s’accumulant pour former les chaos, ou tenant
comme ici dans un équilibre instable. Aujourd’hui encore, eau
et érosion poursuivent leur œuvre. Sous nos pieds se préparent
peut-être les chaos de demain !

12Corps de garde
Construits en grande partie au XVIIIe siècle, les corps de garde ont
permis de renforcer la défense des côtes pour faire face aux invasions
anglaises. Les gardes se tenaient à l’extérieur et surveillaient l’entrée
de l’estuaire : en cas de danger, ils donnaient l’alerte.

13Rempart Nord
Sous le merlon de terre qui longe le chemin se trouvent des restes
de murets. Ces pierres émergentes que vous avez pu croiser dans
ce merlon appartiennent probablement à des murets construits
sur les remparts anciens. En effet, de tous temps, les constructeurs
avaient pour habitude d’utiliser le « déjà-là », pour édifier leurs
nouvelles constructions, une économie considérable de temps
et de moyens.

14Porte romaine
La porte maritime gallo-romaine, dont les éléments encore visibles sont probablement tardifs (IIIe siècle, Bas-Empire), se situe à l'emplacement d'un accès de la fin de la période gauloise,
antérieure à l'occupation romaine. Cette porte donnait accès à la rivière en contre-bas. Un chemin, protégé par le rempart au nord et un mur de soutènement ou base de rempart au sud, formait une entrée en chicane, dispositif fréquent dans toute l'Europe à la fin de l'âge du Fer et pendant l'époque romaine (comme représenté
sur les schémas ci-dessus).

15Poste de douane
Au XIXe siècle, l’instauration des réglementations douanières
vit la création d’un poste de douane au Yaudet, pour lutter contre
la contrebande maritime. Construit en 1845, il était occupé par des
douaniers permanents, pour qui une guérite fut également bâtie face
à la rivière (dans l’enceinte romaine). La disparition progressive du
commerce à la voile causa le déclin de l’activité portuaire et la fin
des activités douanières dans la deuxième moitié du XXe siècle.

16Enceinte romaine
L’enceinte romaine a été renforcée sur presque toute sa longueur
par un mur de pierres et de ciment sur sa partie basse car elle
menaçait de s’écrouler. Aujourd’hui on peut encore y observer
la guérite du douanier, petit banc abrité, qui a été construit dans
le bâti de l’enceinte.

17Oiseaux du Yaudet
Dix espèces nicheuses sont remarquables à l’échelle du site. Chaque
espèce a ses préférences en terme de milieux de vie. Ainsi, certaines
comme le Roitelet triple bandeau ou le Pic épeichette, utilisent les
milieux boisés en période de nidification. D’autres affectionnent
particulièrement les milieux semi-ouverts et les fourrés littoraux,
tels que la Bouscarle de Cetti. Enfin d’autres s’adaptent à une plus
grande variété de milieux naturels, comme la Fauvette à tête noire.

18Hameau du passeur
Le passeur habitait une de ces maisons. Avec un bac, il permettait
la traversée du Léguer en particulier aux pèlerins qui se rendaient,
nombreux, aux pardons du mois de mai et du quinze août à la chapelle
Notre Dame du Yaudet (pèlerinages importants du XVIe au XVIIIe
siècle). La Grande Guerre mettra fin au rôle, mais l'usage perdurera
jusqu’aux années 1960. L’endroit est toujours appelé le « Pachez »
dans le breton parlé local (d’où la toponymie de «Ker ar pachez -
village du passeur »). Le site comprend plusieurs bâtiments en granit :
la maison du passeur, la maison du boulanger, comprenant un four
à pain, une fontaine, un routoir ou un lavoir.

19Chapelle Notre-Dame du Yaudet
La chapelle vient d'être restaurée après avoir perdu une partie de
sa couverture en octobre 2023, lors de la tempête Ciaran. Elle est
constituée d’un clocher-mur de style lannionnais, d’une nef avec
bas-côtés, de six travées et d’un chœur. La chapelle abrite un retable
remarquable qui représente la Vierge couchée avec l’Enfant Jésus
dans un lit recouvert de dentelles. A ses pieds, Dieu le Père serait
figuré sous les traits d’un vieillard couronné, tenant dans sa main
droite le sceptre de la royauté universelle, sa main gauche posée
sur le « livre de la Génèse ». Au-dessus du lit, plane la colombe
du Saint-Esprit. Dans la niche de gauche, la statue de Sainte Anne
et dans celle de droite, Saint Joachim, les parents de Marie.
